Quand on évoque la vie d'Etta on parle évidemment de ce mariage. Un des plus beaux mariages que l'on puisse voir. Il était rempli des proches des deux futurs mariés, remplis d'amours, d'espoirs et de rêves. Etta était dans l'allée prête à s'avancer quand elle remarqua que son père n'était pas présent. Il n'était pas venue. Il était plus occupé à arranger un de ses deals. Peu importe elle ne laissait pas cela gâcher sa journée. Elle préférait le savoir loin afin de ne pas entacher la pureté de ce moment. À la surprise générale ce fut le père du marié qui vint l'inviter à prendre son bras. Etta entretenait de merveilleuses relations avec lui. Il était un peu le père idéal, le père de substitution. Elle était donc prête à traverser l'allée. C'est là qu'elle vit la plus belle chose de sa vie : le regard de son futur mari. Il la regardait comme si elle était la femme la plus magnifique, comme si elle était un ange. Etta en était déjà émue. Elle s'avança donc sous les yeux des invités. Après quelques usages le prêtre leur lança : « Vous pouvez échanger vos vœux. » Comme pour la mettre à l'aise c'est son futur mari qui prit les devants. Il savait comment elle fonctionnait. Etta avait beaucoup de mal à exprimer ses sentiments, à se lancer. Elle paniquait facilement. Cela ne le gênait pas alors de l'aider en la poussant un peu. « Il paraît que c'est à moi de faire un discours. » Commença par dire son futur mari. C'était tout lui. Dire une petite blague afin de détendre l'atmosphère. Il voulait surtout détendre Etta qui semblait très anxieuse. Il réussit étant donné que tout le monde y compris la jeune femme lâchèrent un petit rire. « Plus sérieusement. Quiconque nous connaît sait que Tu es la seule. Je vais reprendre les paroles d'une chanson qui symbolise exactement ce que je ressens. Nous n'avons qu'un amour à vivre, nous n'avons qu'un amour à donner, une chance de l'empêcher de tomber, une âme à trouver. Autrement dit en acceptant aujourd'hui de m'épouser je vais m'assurer que cet amour soit éternel, qu'il ne se termine jamais. » Rajouta-t-il. Face à ses paroles Etta ne pu rester de marbre. Ce qu'il venait de dire était absolument parfait. Il venait de citer les paroles d'une chanson qu'elle adorait, il venait de démontrer à tout le monde la sincérité de leur amour. La jeune femme essayait tant bien que mal de ne pas laisser ses émotions prendre le dessus. « Tu es mon âme soeur et ceci depuis le jour où je t'ai rencontré. » Fini par lui dire son futur mari. Ce fut plus fort qu'elle Etta en eut les larmes aux yeux. Elle se sentait comme la femme la plus chanceuse du monde. D'ailleurs elle se demandait bien ce qu'elle allait pouvoir dire. Ce qu'il fallait savoir sur Etta c'est qu'elle avait été incapable d'écrire quoi que ce soit. Elle savait donc que l'improvisation était sa seule option. Le stress montait une fois de plus. « Tu as mis la barre très haute je suis sûre que tu l'as faits exprès. » Lâcha-t-elle avec un petit rire. Etta était aussi capable de faire de l'humour. Évidemment cela ne faisait que cacher son stress. La jeune femme était loin d'être à l'aise lorsqu'il s'agissait de se mettre à nu sentimentalement parlant. « Je sais que je ne suis pas la femme la plus patiente du monde, la plus expressive du monde pourtant aujourd'hui devant tout ce que nous aimons je suis prête à lier ma vie à la tienne. Tu es la personne avec qui je peux être moi-même, la personne avec qui je veux construire ma vie et finir mes vieux jours. » Lui déclara Etta en le regardant dans les yeux. C'était comme s'il n'y avait qu'eux dans l'église. C'était sûrement la première fois que la jeune femme lui ouvrait son cœur de la sorte. Lui si fier, si digne en avait aussi les larmes aux yeux. Ce qui était sûr c'est que c'était le plus beau jour de leur vie. Après que le prêtre leur ait fait répéter les paroles sacrées du mariage que tout le monde connaît par cœur il déclara : « Je vous déclare mari et femme. Vous pouvez embrasser la mariée. » Une chose était sûre son mari ne se gênait pas. Il posa sa main dans le dos d'Etta avant de la rapprocher de lui. La regardant une fois de plus dans les yeux comme si elle était la femme la plus belle du monde il l'embrassa tendrement. Etta se rappelle encore aujourd'hui de son mariage comme si c'était hier. C'était sans doute le plus beau jour de sa vie. Tout était parfait. Les fleurs, la décoration, l'église, les invités et son mari. En y repensant elle ne peut que repenser au bonheur qu'elle ressentait mélangé au stress. Ce n'était pas un acte anodin. Connaissant la jeune femme on peut facilement comprendre que s'unir avec son mari était très important, elle croyait vraiment à chaque parole. Même si aujourd'hui le destin en a décidé autrement elle en garde un bon souvenir.

Etta venait d'avoir une permission alors elle comptait rentrer afin de passer quelques heures avec son mari. On aurait dit ses oreilles sifflaient étant donné qu'elle rentrait à un moment crucial de leur relation : la fin. Leur rupture aura été intense, elle aura été passionnée à l'image de leur amour. Cependant parfois cela ne suffit pas. Il l'avait mis devant la vérité. Elle ne pouvait plus continuer à faire comme si de rien était. Ce n'était pas juste ni pour lui ni pour elle. Finalement leur divorce se passera plutôt bien dans la mesure du possible. Ils n'ont jamais cessé d'avoir de la tendresse l'un pour l'autre et c'est sûrement pour cela qu'ils gardent une sorte d'amitié. Il est donc important de revenir sur ce moment. À sa grande surprise Brett son mari était en train de descendre des valises. « Qu'est-ce que tu fais avec tes valises ? » Lui demanda Etta. Elle se demandait bien ce qui était en train de se passer sous ses yeux. Elle s'attendait à retrouver son mari devant le canapé entrain de boire un verre de vin. Elle ne s'attendait pas à le voir descendre ses valises. « Je pars. » Lui avoua son mari. Il semblait gêné comme s'il ne s'attendait pas à ce qu'elle soit là pour le voir s'en aller. Quant à Etta elle ne semblait pas bouleversée, elle était d'un calme étrange pour la simple raison qu'elle ne comprenait pas encore la signification de ce départ. « Tu ne m'avais pas dit que tu avais un voyage d'affaires. » Lui fit remarquer Etta. Elle ne comprenait pas pourquoi c'était si précipité, il ne lui avait même pas envoyé de message. Ce n'est qu'en regardant enfin son mari dans les yeux qu'elle comprit que quelque chose allait se passer. « Je ne pars pas pour un voyage d'affaires, je pars de la maison. » Lui annonça son mari en essayant de soutenir son regard. Ce n'était pas ne parce qu'il la quittait qu'il ne ressentait rien bien au contraire. Cela lui faisait un mal de chien de quitter la femme qu'il aimait cependant il ne voyait pas d'autres solutions. « Tu es en train de sous-entendre ce que je pense ? » Lui demanda Etta encore sous le choc. Elle lui demandait sans attendre une réponse. Elle ne voulait pas entendre ce qu'il avait à dire parce qu'elle savait déjà qu'elle n'aimerait pas. « On savait tous les deux que ça arriverait, c'était qu'une question de temps. » Lui expliqua Brett sous les yeux surpris d'Etta. Elle n'en revenait pas qu'il ose lui dire une telle chose. Si elle avait pu elle aurait sorti sa matraque et l'aurait frappé avec. Ses mots la blessaient en plein cœur. Elle avait l'impression qu'il voulait simplement lui faire mal. « Une question de temps tu te fous de ma gueule ? » Lui demanda Etta de façon rhétorique. Il y a une différence entre la Etta amoureuse, la Etta au travail et la Etta en colère. Lorsqu'elle se sent menacer la jeune femme a tendance à devenir hystérique. Elle n'hésite pas alors à se lâcher autant dans ses gestes que dans ses paroles. « On est marié bordel, on s'est juré de finir notre vie ensemble et tu es en train de me dire que finalement c'était une question de temps. C'est quoi ton problème ? » Lui demanda Etta. Il y a certaines choses qu'elle ne peut pas laisser passer comme par exemple ses valeurs, ses principes. La jeune femme pensait réellement en l'épousant qu'elle passerait sa vie à ses côtés, qu'elle fonderait une famille et qu'elle mourrait à ses côtés. Certes pour le moment elle avait mis leurs projets de côté pour sa carrière, mais elle pensait qu'elle avait du temps, beaucoup de temps. « C'est ton travail le problème. » Lâcha-t-il. C'était la première fois qu'il mettait les pieds dans le plat. Etta compris alors que son mari si gentil et si compréhensif ne l'était pas autant que ça. Il gardait tout pour lui et au lieu de communiquer avec elle il préférait s'en aller et divorcer. Le choc était rude. « J'ai même pu l'impression d'être marié. » Commença par lui dire Brett. La jeune femme resta sans voix face à ce qu'il venait de dire. Elle voulait répliquer quelque chose, mais elle en était incapable. C'était comme si le ciel lui tombait sur la tête. « Tu es incapable de prendre du temps pour t'occuper de ton mariage, pour t'apercevoir qui part à la dérive. » Continua son mari. C'était du clash comme leur couple n'en avait jamais connu. Etta avait l'impression d'être sur un ring de boxe et de se faire enchaîner par l'homme qu'elle aimait. Elle aurait pu répondre, mais elle sentait qu'il n'avait pas terminé. « J'ai pas signé pour faire joli. » Fini par lui dire Brett. Elle commençait alors à réaliser qu'elle avait une fausse image de son mari, une fausse image de son mariage et une fausse image de sa petite vie. Il n'était pas à sa disposition. « Alors parce qu'on est marié je dois devenir bobonne c'est ça ? » Lui demanda Etta. Pour le moment il lui était impossible d'admettre le fait que son travail est un problème, que le faire passer avant son mariage n'était pas ordinaire. Elle mettait la faute sur lui et son pseudo machisme. « C'est pas ça et tu le sais très bien. Je voudrais pas d'une femme au foyer, mais tu n'as pas de limite lorsqu'il s'agit de ton travail. Tu es prête à tout sacrifier. » Lui fit remarquer Brett. Il venait de marquer un point. Etta était une femme passionnée qui se donnait corps et âme dans son travail. Elle était capable de ne pas lui donner de nouvelles pendant deux-trois jours sans se soucier de son avis. Elle ne s'en rendait même pas compte. « Alors tes vœux, tes promesses c'était du vent ? » Lui demanda Etta. Elle n'arrivait pas à croire que son mari préférait divorce plutôt que d'honorer ses vœux. Elle se sentait trahie, humiliée. Jamais elle n'aurait pensé voir son mariage échouer. « Évidemment que non. Je pensais chacun de mes mots cependant ça suffit pas. » Lui répondit son mari. Elle ne comprenait pas ce qu'il voulait dire. Elle était trop bloquée sur lui pour se remettre en question. D'ailleurs cela se voyait lorsqu'elle lui posa cette question : « Tu ne m'aimes plus assez ? » Pour Etta était la seule raison. Elle songeait même à ce qu'il ait une liaison alors que ce n'était pas son genre. Elle ne pouvait pas croire que son amour pour son job était la raison de la déchéance de son couple. « C'est le contraire Etta et tu le sais. » Lui répondit Brett. Etta aimait son mari, elle l'aimait réellement, mais ce n'était pas suffisant. Elle aimait son job encore plus. Pourtant lorsqu'elle l'avait épousé elle en était folle amoureuse. Elle ne pensait pas une seconde à l'échec. Etta était en train de perdre ses illusions, ses espoirs. « Si je te demandais de choisir entre ton job et moi on sait tous les deux que c'est ton job que tu choisirais. » Lui fit remarquer son mari. Une fois de plus il avait raison. Etta le savait. Elle ne voulait pas à avoir à choisir entre son mari et son job. Elle voulait les deux, elle voulait tout. Elle était encore naïve. « Dis-moi le contraire ? » Etta savait que c'était une perche qu'il venait de lui lancer. Il y avait un espoir qu'il reste auprès d'elle. La condition était qu'elle change, qu'elle fasse passer son métier après son couple quitte à tout arrêter. Le silence était parlant. Etta n'avait pas besoin de répondre Brett avait déjà compris. « C'est bien ce que je pensais. » Fini par lui dire Brett.Elle ressentait une passion en exerçant son métier, c'était comme un vocation. Quant à son mariage il était devenu une contrainte qui l'empêchait d'avancer dans sa carrière. Etta compris alors qu'il avait raison. Leur mariage était terminé. Elle le regarda alors partir sans essayer de le retenir.